Mot-clé : « Falconet (Camille [médecin]) »

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Le Livre, tome II, p. 332-348

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 332.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 332 [348]. Source : Internet Archive.

« Entre amis tout est commun » : telle était la devise du bibliophile Charles-Jérôme du Fay (1662-1723)[332.1].

Le médecin Camille Falconet (1671-1762) était, comme nous l’avons vu[332.2], possesseur d’une belle bibliothèque, composée d’environ 45 000 volumes, qui « était autant à ses amis qu’à lui ; et plusieurs fois il lui est arrivé de racheter d’autres exemplaires de livres qu’il avait prêtés, jugeant que, puisqu’on ne les lui rendait pas, on les avait perdus, ou qu’on en avait encore besoin[332.3] ».

Le conteur et philosophe Thomas-Simon Gueulette

[II.348.332]
  1.  Fertiault, op. cit., p. 353. Du Fay ou Dufay (Charles-Jérôme de Cisternay) « était lieutenant aux gardes, lorsque, au siège de Bruxelles, en 1695, il eut, à la tête de sa compagnie, la cuisse gauche emportée d’un boulet. Il n’en quitta pourtant pas le service, et il eut le grade de capitaine en 1705 ; mais il fut enfin obligé d’y renoncer, par les infirmités qui lui survinrent, et l’impossibilité où il était de monter à cheval. « Heureusement, dit Fontenelle, il aimait les lettres, et elles furent sa ressource. » Il se forma une très belle bibliothèque : économe sur tous les autres objets de sa dépense, il ne ménageait rien pour se procurer les livres qui lui manquaient ou dont il avait envie. Difficile dans le choix de ses amis, il mettait tous ses soins à conserver ceux qu’il s’était faits en petit nombre, et leur prêtait ses livres même les plus précieux, disant qu’entre amis tout doit être commun. » (Michaud, op. cit. ↩
  2.  Supra, chap. xii, p. 279, n. 3.  ↩
  3.  Michaud, op. cit.  ↩

Le Livre, tome II, p. 279-295

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 279.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 279 [295]. Source : Internet Archive.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 280.
Pour suite de note : Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 280 [296]. Source : Internet Archive.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 281.
Pour suite de note : Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 281 [297]. Source : Internet Archive.

Ce système expéditif enlève non seulement toute valeur aux livres ainsi mutilés, mais, de plus, selon la judicieuse objection de M. Guyot-Daubès[279.1], « l’économie de temps qu’il procure, au point de vue d’une recherche, est bien peu de chose, puisqu’une simple note de référence permettra, dans une bibliothèque bien tenue, de retrouver le passage cherché en une ou deux minutes ».

Il est à remarquer, d’ailleurs, qu’Émile de Girardin avait changé d’opinion à cet égard durant ses dernières années : « il prétendait alors que, dans une recherche, le passage intéressant se trouvait toujours au dos d’une page qui, antérieurement, avait été détachée du livre[279.2] ».

Falconet[279.3] avait aussi coutume, dit-on, de découper

[II.295.279]
  1.  L’Art de classer les notes, p. 36.  ↩
  2.  Guyot-Daubès, op. cit., p. 37.  ↩
  3.  Il me parait très probable que ni le médecin Camille Falconet (1671-1762), ni le sculpteur Étienne Falconet (1716-1791) n’est coupable de ce barbare moyen de quintessencier les livres, qu’on leur a confusément attribué à l’un et à l’autre. Victor Fournel (Edmond Guérard) raconte cette anecdote, précisément dans le Dictionnaire (p. I, p. 147) dont nous venons de parler, mais il n’ajoute au nom de Falconet aucun prénom ni aucune épithète. Il indique comme référence Panckoucke ; mais ce nom isolé est insuffisant pour nous renseigner. M. Guyot-Daubès (op. cit., p. 37) accuse nettement, d’ailleurs sans preuve aucune ni indication de source, « le célèbre médecin Falconet ». Pour M. Fertiault (les Légendes du livre, p. 200), le coupable serait Étienne Falconet qui « se rappelait sans doute avec terreur les 45 000 volumes de son oncle Camille, le médecin. C’est d’Alembert qui conte le fait », ajoute M. Fertiault. D’abord, ainsi que Jal le démontre (Dictionnaire critique de biographie et d’histoire, art. Falconet), rien ne prouve les relations de parenté entre Étienne et Camille Falconet ; tout porte à croire, au contraire, qu’ils n’appartenaient pas à la même famille. Ensuite, si d’Alembert « conte le fait », il n’en nomme pas l’auteur. Voici le texte de d’Alembert (Encyclopédie, t. II, p. 228, col. 2, art. Bibliomanie) : « J’ai ouï dire à un des plus beaux esprits de ce siècle qu’il était parvenu à se faire, par un moyen assez singulier, une bibliothèque très choisie, assez nombreuse, et qui pourtant n’occupe pas beaucoup de place. S’il achète, par exemple, un ouvrage en douze volumes où il n’y ait que six pages qui méritent d’être lues, il sépare ces six pages du reste, et jette l’ouvrage au feu. Cette manière de former une bibliothèque m’accommoderait assez, » conclut d’Alembert. Le médecin Camille Falconet, qui était un très obligeant érudit, possédait une « immense bibliothèque (elle renfermait 45 000 volumes, dont 11 000 entrèrent à la Bibliothèque du Roi….) Elle était au service de tout le monde…. Sa méthode était d’écrire ses observations sur des cartes (fiches). Il en laisse au moins 90 000, dont la plupart doivent être très curieuses. » (Grimm, Correspondance littéraire, février 1762, t. V, pp. 46-47 ; Paris, Garnier, 1878.) Voir aussi Diderot, Œuvres complètes, t. XIII, p. 463, Encyclopédie, art. Bibliothèque (Paris, Garnier, 1876). — A notre connaissance, aucun contemporain de Camille Falconet ne fait de lui un massacreur de livres, un biblioclaste, au contraire. Ce sont très probablement ses 90 000 fiches, soigneusement confectionnées par lui et léguées à son ami Lacurne de Sainte-Palaye (cf. Hœfer, Biographie générale, art. Falconet), qui ont fait croire qu’il s’agissait, non de résumés, de réflexions ou d’extraits copiés à la main, mais d’extraits réels, de pages lacérées et enlevées. Telle la singulière confusion qui attribue à Buffon l’habitude d’écrire non seulement en jabot et manchettes brodées, — ce qui n’offre rien d’impossible ni de bien surprenant, — mais sur ses manchettes amidonnées ; plutôt que l’habitude d’écrire sur les marges ou manchettes de son papier tout simplement. — On a accusé de même, et sans preuve aucune, le moraliste Joubert de déchirer ses livres et d’en enlever toutes les pages qui lui déplaisaient : cf. supra, t. I, p. 184, notes.  ↩

Le Livre, tome I, p. 256-280

Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 256.
Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 256 [280]. Source : Internet Archive.

livres de prédilection du prince Eugène (1663-1736) : il la portait toujours sur lui, dans ses expéditions mili­taires[256.1].

Le marquis René-Louis d’Argenson (1694-1757) affectionnait particulièrement le chef-d’œuvre de Cervantès : « J’aimais Don Quichotte à le relire vingt fois dans ma vie », disait-il[256.2].

Le médecin Camille Falconet (1671-1762) disait que si on ne lui permettait de choisir que quatre volumes dans sa bibliothèque (qui en comptait près de vingt mille), il prendrait d’abord la Bible, puis ces trois maîtres : maître François, maître Michel et maître Benoît : c’est ainsi qu’il désignait Rabelais, Montaigne et Spinoza[256.3].

Le dauphin Louis (1729-1765), père de Louis XVI, faisait de Cicéron et d’Horace sa lecture favorite : il savait presque entièrement par cœur les œuvres d’Horace. Il avait appris seul la langue anglaise, et lisait Locke avec tant d’intérêt qu’il le plaçait sous son chevet.

Jacques Douglas, médecin anglais (1707-1768), professait pour Horace la plus grande admiration. Sa bibliothèque était uniquement composée d’éditions de cet auteur : il en possédait quatre cent cinquante, dont la première datait de 1476, et la dernière de 1739,

[I.280.256]
  1.  Peignot, op. cit., t. I, p. 276.  ↩
  2.  Cf. supra, p. 161 ; et Sainte-Beuve, Causeries du lundi, t. XII, p. 150.  ↩
  3.  Peignot, op. cit., t. I, p. 280.  ↩